Vague de chaleur ou canicule ? Définitions
Quand parle-t-on de "pic de chaleur" ?
Un « pic de chaleur » caractérise un épisode bref, généralement de 24 à 48 heures, durant lequel les températures sont très au-dessus des normales de saison. Il peut se produire localement sur une station météorologique mais aussi sur un territoire étendu.
...de "vague de chaleur" ?
On parle de vague de chaleur lorsqu'on observe des températures anormalement élevées pendant plusieurs jours consécutifs. Il n'existe pas de définition universelle du phénomène : les niveaux de température et la durée de l'épisode qui permettent de le caractériser varient selon les régions du monde et les domaines considérés (caractérisation d'un point de vue climatologique, activité de recherche, dispositif de vigilance météorologique).
Météo-France identifie les vagues de chaleur à partir des séries quotidiennes de l'indicateur thermique national depuis 1947. Cet indicateur est calculé par la moyenne de mesures quotidiennes de la température moyenne de l'air dans 30 stations météorologiques réparties de manière équilibrée sur le territoire métropolitain.
Un épisode de vague de chaleur est détecté dès lors qu'une valeur quotidienne de l'indicateur thermique national atteint ou dépasse 25,3°C et qu'il reste élevé pendant au moins 3 jours.
Les vagues de chaleur départementales sont également identifiées mais sur la base de données et de seuils différents.
… Et de canicule ?
Une canicule, c'est un épisode de températures élevées, de jour comme de nuit, sur une période prolongée. Pour les identifier, des seuils de température et de durée sont définis et varient selon les départements.
Par exemple, à Toulouse, Météo-France parlera de canicule dès lors que pendant 3 jours et 3 nuits on ne redescend pas en dessous des 21°C mini et qu'on dépasse 36°C max le jour.
La vigilance canicule s'appuie sur ces seuils mais prend également en compte de multiples critères de santé publique liés à l'environnement local comme par exemple la vulnérabilité des populations.
D'où vient le mot canicule ?Apparu vers 1500, le mot canicule vient de l'italien canicula, qui signifie petite chienne (du latin canis, chien). Ce nom a été donné à Sirius, l'étoile la plus brillante de la constellation du Grand Chien. Sirius se lève et se couche avec le soleil du 22 juillet au 22 août, période où les fortes chaleurs sont fréquentes. L'appellation "jours de canicule" a fini par désigner les fortes chaleurs estivales. Aujourd'hui, ce terme est fréquemment utilisé pour désigner des jours très chauds même en d'autres saisons. |
Pour aller plus loin :
Notre dossier : Changement climatique et vagues de chaleur
"Plan canicule" : le rôle de Météo-France
"Le plan canicule" a été mis en place après la canicule de 2003 pour anticiper et réduire les effets sanitaires des vagues de chaleur exceptionnelles. Il est activé chaque année par le ministère des Solidarités et de la Santé pendant la période estivale et s'appuie sur l'expertise de Météo-France et de Santé Publique France. Il est de plus corrélé à la vigilance météorologique, dispositif coordonné par Météo-France.
Plan canicule : comment ça marche ?Pendant la période estivale, Météo-France calcule, pour une station de référence de chaque département, des « indicateurs biométéorologiques » (i.e. les moyennes sur 3 jours glissants des températures minimales et maximales prévues) qui sont comparés à des seuils de températures minimales et maximales pouvant varier d'un département à l'autre. Ces indicateurs biométéorologiques, croisés avec les prévisions pour les jours à venir et l'existence d'éventuels facteurs aggravants permettent de définir la couleur de vigilance et le niveau du plan canicule.
Activé en 2018 du 1er juin au 15 septembre de chaque année, il correspond à la vigilance canicule verte de Météo-France. En cas de chaleur tardive, la veille saisonnière pourra être prolongée après le 15 septembre.
Correspondant à la vigilance jaune canicule de Météo-France, il s'agit d'une phase de veille renforcée permettant aux différents services de se préparer à une montée en charge en vue d'un éventuel passage au niveau supérieur et de renforcer des actions de communication locales et ciblées, en particulier la veille de week-end et de jour férié.
Il peut être déclenché par les préfets en cas de vigilance orange. Cette décision prend en compte la situation locale (niveau de pollution, autres facteurs, comme les grands rassemblements, etc.) et les indicateurs sanitaires en lien avec les Agences régionales de santé.
Le niveau 4 correspond à la vigilance rouge de Météo-France et concerne les canicules avérées exceptionnelles, très intenses et durables, avec apparition d'effets collatéraux dans différents secteurs (sécheresse, approvisionnement en eau potable, saturation des hôpitaux ou des pompes funèbres, panne d'électricité, feux de forêts, nécessité d'aménagement du temps de travail ou d'arrêt de certaines activités…). Cette situation nécessite la mise en œuvre de mesures exceptionnelles. |
Les situations météo propices aux canicules
Comment anticipe-t-on une canicule ?
Un phénomène de blocage
L'été, la position de l'anticyclone dit "des Açores" détermine le type de temps qu'il fait sur la France. Quand cet anticyclone est positionné sur les Açores, le temps est plutôt frais. Les dépressions peuvent alors librement circuler sur l'Europe.
Si l'anticyclone s'installe sur le nord ou l'est de l'Europe, le temps est plutôt chaud sur notre pays. Les hautes pressions forment un obstacle au passage des perturbations atlantiques. Les vents d'est et du sud apportent de l'air chaud et sec sur la France. Si ces conditions perdurent, un épisode de canicule peut s'installer parfois plusieurs jours, voire une semaine ou davantage. Les météorologistes qualifient ces situations de "phénomène de blocage". C'est ce qui s'est produit en août 2003 sur une durée et une étendue géographique toutes deux exceptionnelles.
Une situation de blocage sur la France durant la canicule d'août 2003 © Météo-France (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Pour aller plus loin :
La canicule d'août 2003 a été exceptionnelle par sa durée (deux semaines) entre le 1er et le 15 août, son intensité et son extension géographique. L'été 2003 est le plus chaud jamais observé depuis 1950. Notre article : Retour sur la canicule de 2003
Les vagues de chaleur remarquables
Pour qualifier un événement de "vague de chaleur", Météo-France s'appuie sur les données de l'indicateur thermique national (une moyenne de 30 stations régulièrement réparties sur le territoire) disponibles depuis 1947. Les climatologues identifent une vague de chaleur quand cet indicateur thermique national atteint ou dépasse 25,3°C et qu'il reste élevé pendant au moins 3 jours. Ils calculent ensuite la durée de l'événement à partir d'une valeur seuil, caractérisant le début et la fin de l'épisode.
Caractérisation d'une vague de chaleur à partir de l'indicateur thermique quotidien sur la France en durée (date de début et de fin), intensité max et sévérité (partie marron de la courbe de température). © Météo-France
Pour aller plus loin :
- Quels ont été les jours d'été les plus chauds depuis 1947 ? La réponse ici (PDF 64,9 ko)
- Les étés remarquables en France depuis 1900 (PDF 50,8 ko)
- Lire aussi : De fortes chaleurs peuvent-elles se produire après le 15 août ?
Fortes chaleurs : quels risques, quels conseils pour les plus vulnérables ?
L'exposition à de fortes chaleurs constitue une agression pour l'organisme. C'est la transpiration qui permet au corps de maintenir sa température. Lorsque le corps ne contrôle plus sa température et qu'elle augmente rapidement, une personne peut être victime d'un "coup de chaleur". Il peut être mortel.
Les nourrissons et les personnes déjà fragilisées (âgées, celles atteintes d'une maladie chronique) sont particulièrement vulnérables. Lors d'une canicule, elles risquent une déshydratation, l'aggravation de leur maladie chronique ou encore un coup de chaleur.
Les personnes en bonne santé (notamment les sportifs et travailleurs manuels exposés à la chaleur) ne sont cependant pas à l'abri si elles ne respectent pas quelques précautions élémentaires.
Les symptômes d'un coup de chaleur sont : une fièvre supérieure à 40°C, une peau chaude, rouge et sèche, des maux de tête, des nausées, une somnolence, une soif intense, une confusion, des convulsions et une perte de connaissance.
Quels conseils pour les plus vulnérables ?
- Les personnes âgées
À partir de 65 ans, le corps ne transpire pas assez pour pouvoir maintenir sa température. Il faut donc pallier ce manque en se mouillant régulièrement la peau, notamment le visage et les bras. Sans oublier de boire régulièrement.
- Les nourrissons, les sportifs et travailleurs manuels exposés à la chaleur
En cas de forte chaleur, le corps transpire trop et le stock d'eau s'épuise rapidement. Le corps n'a alors pas assez d'eau pour transpirer et maintenir sa température. Il faut donc renouveler l'eau du corps en buvant abondamment.
- Les personnes atteintes de maladies chroniques
La chaleur aggrave leur maladie. Dans tous les cas, le meilleur moyen de ne pas être indisposé est de fuir la chaleur.
Les bons réflexes
Pour en savoir plus, consultez le site https://sante.gouv.fr/ En voiture et lors de longs trajets
Canicule Info service |
Pour connaître les signaux d'alerte, les risques pour la santé et les moyens de se protéger en cas de hausse importante des températures :
Télécharger l'affiche en pdf (81,4 ko)
Pour aller plus loin :
Consultez aussi les conseils de prévention, ainsi que les outils élaborés par le ministère chargé de la santé et Santé Publique France :
- Les outils d'information de Santé Publique France sur les canicules et fortes chaleurs (dépliants, affiches, vidéos…)
- Le dossier du ministère des Solidarités et de la Santé sur les canicules et fortes chaleurs
Vagues de chaleur tardives
Si les vagues de chaleur se produisent en France métropolitaine principalement entre début juillet et mi-août, il arrive parfois que ce phénomène se produise plus tardivement dans l'année, comme cela été le cas en 2016.
Des épisodes remarquables au XXIe siècle ...
Il n'est pas nécessaire de remonter loin dans le passé pour trouver trace d'épisodes de chaleur postérieurs à la mi-août. Ainsi, du 15 au 21 août 2012, la France avait connu une vague de chaleur remarquable avec des températures dépassant 38 °C du Sud-Ouest à l'Île-de-France. Ponctuellement, des valeurs supérieures à 40 °C avaient même été relevées comme à Brive (40,5 °C), Auxerre et Châteauroux (40,3 °C) et Vichy (40,2 °C). Dans de nombreuses régions, les températures de cette fin août avaient été les plus élevées de tout l'été.
L'année précédente, en 2011, un pic de chaleur s'était produit autour du 21 août. Si les températures les plus élevées avaient principalement concerné le Sud-Ouest (avec des valeurs parfois supérieures à 40 °C), des valeurs très souvent supérieures à 35 °C avaient été enregistrées sur la moitié est du pays.
Du 15 au 20 août 2009, une vague de chaleur s'était déjà produite, moins sévère toutefois que celle de 2012. En 2001, les quatre journées du 24 au 27 août avaient été, elles aussi, exceptionnellement chaudes.
... et avant
Si plusieurs épisodes de forte chaleur se sont produits après la mi-août depuis le début du XXIe siècle, on retrouve également trace de tels phénomènes bien avant, avec toutefois des températures légèrement inférieures à celles relevées lors des épisodes les plus récents.
En 1961, quatre journées exceptionnellement chaudes avaient été observées du 29 août au 1er septembre : les températures avaient dépassé 30 °C en plaine sur l'ensemble du pays, atteignant même 37 °C à Bordeaux, Tours et Niort.
Et en 1947, un épisode de forte chaleur avait débuté le 14 août pour se prolonger jusqu'au 20 du mois. Des températures supérieures à 35 °C avaient été observées à Toulouse, Nantes, Tours, Bordeaux, Châteauroux, Poitiers, Lyon et Mâcon. On avait relevé 34,7 °C à Paris-Montsouris.
Pour en savoir plus sur les vagues de chaleur passées et futures, consultez Climat HD, l'application interactive de Météo-France.
Vagues de chaleur précoces
Les vagues de chaleur et canicule touchent particulièrement l'Hexagone entre début juillet et mi-août. Cependant, ces dernières années, la France a connu des épisodes de fortes chaleurs précoces et tardives, comme juin 2017. Du 18 au 22 juin 2017, une vague de chaleur touchait l'ensemble du pays avec une température moyenne sur la France de 26.4 °C le 21 juin. Depuis 1947, seule la vague de chaleur du 18 au 28 juin 2005 avait été aussi précoce.
Vagues de chaleur précoce et changement climatique
L'îlot de chaleur urbain
La nuit, la température en ville peut rester plus élevée que dans les zones rurales voisines ; il se crée ainsi une bulle de chaleur sur la ville, appelée îlot de chaleur urbain (ICU).
Un microclimat au cœur de la ville
La journée, à la campagne, la végétation utilise l'eau et l'énergie solaire pour la photosynthèse. Grâce à l'énergie solaire, elle « transpire » l'eau puisée dans le sol, qui est évaporée vers l'atmosphère. Les sols perméables vont aussi utiliser l'énergie solaire pour évaporer l'eau qu'ils contiennent.C'est le phénomène d'évapotranspiration. Grâce à elle, végétaux et sols n'accumulent pas l'énergie solaire qu'ils reçoivent mais la consomment.
En ville au contraire, l'énergie solaire est emmagasinée dans les matériaux des bâtiments et des surfaces imperméables comme le bitume, qui s'échauffent et la stockent.
La nuit, l'apport en énergie solaire cesse. À la campagne, l'évapotranspiration s'arrête et la température diminue, alors qu'en viIle, les surfaces imperméables restituent à l'atmosphère urbaine l'énergie accumulée durant la journée. L'air au-dessus de la ville se refroidit donc moins qu'à la campagne générant ainsi l 'ICU, phénomène essentiellement nocturne qui traduit l'écart de température observé entre une agglomération et les zones moins urbanisées alentour.
La chaleur liée aux activités humaines et l'environnement (mer, lacs et relief) peuvent égaIement avoir une influence sur l 'ICU, mais dans une moindre mesure. La pollution atmosphérique en ville ne crée pas l'ICU, cependant, certaines conditions météorologiques peuvent accentuer à la fois la pollution atmosphérique et l'ICU.
Le mécanisme d'îlot de chaleur urbain - © Météo-France
L'exemple de l'îlot de chaleur urbain à Paris
Avec son tissu urbain très dense, Paris génère un ICU qui se traduit par des différences de températures nocturnes avec les zones rurales voisines de l'ordre de 2,5 °C en moyenne annuelle. Ces différences peuvent atteindre 10 degrés en été, en cas de situation anticyclonique par vent faible et ciel clair, comme les canicules. L'ICU se caractérise généralement à l'échelle d'une agglomération, mais au sein Les quartiers historiques anciens, plus denses, étaient conçus pour conserver la chaleur. Au sein des quartiers plus modernes, les bâtiments sont organisés en plan très ouvert et exposé au soleil, mais la faible densité bâtie donne de meilleurs capacités nocturnes de rafraîchissement. L'eau peut être une source de fraîcheur. La température des grandes masses d'eau de la Seine et des canaux évolue très lentement (forte inertie thermique). Elle reste plus fraîche que la température de l'air ambiant, rafraîchissant ainsi les abords du fleuve. L'activité humaine, quant à elle, contribue à réchauffer l'espace public, avec par exemple, le recours aux systèmes de climatisation dans les bureaux et les appartements. L'ensemble de ces facteurs va affecter le confort thermique ressenti dans l'espace public. même des villes coexistent des micro-zones de chaleur et des « îlots de fraîcheur ». Ces variations sont liées à différentes combinaisons de formes urbaines, de types de sols, à la présence ou non de végétation et d'activités humaines, avec des propriétés différentes de refroidissement et d'échauffement.
Le nouveau contexte climatique au XXIe siècle
Au cours du XXle siècle, les vagues de chaleur seront de plus en plus fréquentes, longues et intenses en France. En juin, juillet, août, les projections climatiques réalisées par les climatologues de Météo-France à Paris indiquent une hausse des températures moyennes comprise entre 1,0 et 5,3 °C. Le nombre de journées annuelles avec une température maximale supérieure à 25 °C devrait passer de 59 à 109, contre 49 jours actuellement. Le nombre de jours de canicule devrait atteindre 3 à 26 jours par an, au lieu d'1 jour en moyenne actuellement. Le territoire parisien, déjà plus sensible aux événements extrêmes que les communes rurales, devra faire face à une amplification de l'inconfort thermique en raison de son îlot de chaleur urbain particulièrement intense en période de fortes chaleurs. Cette perspective d'un nouveau contexte climatique incite à l'adaptation et à la mise en œuvre de solutions de thermorégulation pouvant influencer l'intensité des ICU.
Changement climatique et vagues de chaleur
Des vagues de chaleur deux fois plus nombreuses d'ici 2050
Si la canicule de 2003 en France métropolitaine a marqué les esprits, d'autres épisodes ont également été particulièrement remarquables (juillet 1983, été 1974). Sur les trente dernières années, le nombre comme la durée et l'intensité de ces évènements ont augmenté. Les projections climatiques réalisées sur la France métropolitaine indiquent que d'ici la fin du siècle, les vagues de chaleur pourraient être bien plus fréquentes, beaucoup plus sévères et plus longues qu'actuellement.